La lettre juridique n°719 du 16 novembre 2017 : Avocats/Institutions représentatives

[Questions à...] CNB, mon amour ! Questions à Stéphane Lallement, Avocat au barreau de Nantes, candidat au sein du collège ordinal

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par Anne-Laure Blouet Patin, Directrice de la rédaction

le 17 Novembre 2017

Les élections du Conseil national des barreaux se tiendront le 21 novembre 2017. L'enjeu est de taille face aux défis qui attendent la profession d'avocat. Pour le collège ordinal "province", 24 postes sont à pourvoir, et si 26 candidats ont été adoubés par la Conférence des Bâtonniers, 10 autres portent un projet personnel qu'ils ont pris soin d'exprimer par une profession de foi individuelle. Lexbase Hebdo - édition Professions a rencontré l'un d'eux, Maître Stéphane Lallement, Avocat au barreau de Nantes. Lexbase : Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Stéphane Lallement : Avocat depuis 22 ans, je suis inscrit au barreau de Nantes, où j'exerce aujourd'hui au sein d'une structure de trois associés.

Mon premier engagement fut syndical, puisque j'ai eu la chance en 2001 de présider la Fédération nationale des unions de jeunes avocats (FNUJA).

Mais j'ai également acquis une solide expérience ordinale en siégeant durant six ans au sein du conseil de l'Ordre, dont quatre années en qualité de secrétaire du conseil.

Investi dans les questions de formation, j'ai été désigné administrateur de l'Ecole des avocats du Grand Ouest, dont j'ai occupé durant six ans le poste de trésorier.

Enfin, j'ai eu la chance de siéger à deux reprises déjà au sein du Conseil national des barreaux : en qualité de simple élu lors de la mandature 2003/2005, puis en qualité de membre du bureau lors de la mandature 2012/2014.

Lexbase : Quelles sont vos motivations pour vous présenter aux élections du CNB ?

Stéphane Lallement : Depuis sa naissance, il y a 25 ans, le Conseil national des barreaux a grandi dans l'adversité, sous la férule parfois étouffante du barreau de Paris et de la Conférence des Bâtonniers. A force de travail, il a enfin conquis la confiance des pouvoirs publics, et endossé définitivement son habit législatif de représentant institutionnel de la profession d'avocat.

Et pourtant...

Les avocats n'aiment pas le CNB : il suffit pour s'en convaincre de parcourir les réseaux sociaux ou d'arpenter les couloirs de nos palais de justice, emplis les uns comme les autres de réflexions amères sur l'inefficacité supposée de notre représentation nationale.

Ils ne l'aiment pas parce qu'ils ne le connaissent pas. Par l'insuffisance des moyens consacrés à sa propre communication, le CNB ne laisse à voir de son activité que la partie émergée de l'iceberg, maintenant dans l'ombre le travail considérable accompli dans un total désintéressement par des confrères animés dans leur immense majorité par le seul souci de l'intérêt général.

Ils ne l'aiment pas parce qu'il ne leur ressemble pas. Par l'inutile complexité de son mode de scrutin, et tant qu'il n'aura pas admis l'évidente nécessité du suffrage universel direct, le CNB reste sociologiquement éloigné de la réalité d'une profession résolument jeune, économiquement fragile et pourtant tournée vers l'avenir.

Ils ne l'aiment pas parce qu'il demeure parfois le théâtre de luttes d'ego et de calculs carriéristes bien éloignés des légitimes attentes de nos confrères.

En mai 2013, sous l'injonction de sa Bâtonnière de l'époque, le conseil de l'Ordre du barreau de Paris décidait de "suspendre sa participation aux travaux du Conseil national des barreaux" afin de faire obstacle au projet de réforme de la gouvernance de la profession que la représentation nationale s'apprêtait à voter. Cette initiative devait engendrer une crise institutionnelle sans précédent, conduisant quelques semaines plus tard à la démission du président du CNB.

Alors membre du bureau du Conseil national des barreaux, j'ai été le témoin privilégié de cette stratégie auto-destructrice dans laquelle certains de nos représentants semblent vouloir se complaire, et qui nuit tant à l'image de notre institution nationale.

De telles dérives doivent cesser. Pour les avoir vécues au plus près, je crois pouvoir utilement les combattre. C'est le sens de ma candidature.

Lexbase : Pourquoi ne figurez-vous pas dans la liste soutenue par la Conférence des Bâtonniers ?

Stéphane Lallement : Le Conseil national des barreaux est composé pour moitié d'un collège général, élu par tous les avocats, et pour moitié d'un collège ordinal, élu par les Bâtonniers et membres de conseils de l'Ordre en exercice.

Les textes prévoient que le collège ordinal est élu au scrutin uninominal.

Une élection n'est pas une cooptation, et un scrutin uninominal n'est pas un scrutin de liste.

Il ne s'agit donc pas pour les électeurs d'adouber collectivement une liste de noms, fut-elle composée par la Conférence des Bâtonniers, mais bien de choisir individuellement chacun de ceux qui, pour les trois années à venir, leur semblent le mieux en situation de servir la profession au sein de l'institution nationale.

24 postes sont à pourvoir dans le collège ordinal province. Parmi les 36 candidats en lice, 26 représentent collectivement la Conférence des Bâtonniers, tandis que 10 autres portent un projet personnel qu'ils ont pris soin d'exprimer par une profession de foi individuelle. Je suis persuadé pour ma part que nos confrères ne souhaitent pas un CNB monolithique, et qu'ils auront à coeur de se déterminer au regard des engagements de chaque candidat.

Lexbase : Quelle est votre vision des défis que le CNB devra relever ?

Stéphane Lallement : A l'heure où notre profession est confrontée à de profondes mutations, je crois à un CNB pluriel, rénové et représentatif.

Où la pertinence des opinions ne soit pas mesurée à l'aune des années de barre.

Où chaque barreau puisse faire entendre sa voix, qu'il soit riche de quinze avocats ou de vingt-neuf mille.

Où s'expriment les multiples métiers composant notre profession : du secteur aidé à l'ingénierie juridique, de l'exercice individuel à la legaltech...

Je crois surtout que chacun des candidats à cette élection devrait faire sienne l'analyse du président Burguburu, qui, au sortir de son mandat fin 2014, s'exclamait : "Pour être un bon membre du CNB, il faut d'abord l'aimer".

Et c'est parce que j'aime cette institution que j'offre de la servir pour les trois ans à venir.

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