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par Guillaume Massé - Avocat à la Cour et Estelle Biemmi - Juriste D'Alverny Avocats
le 16 Avril 2021
Mots-clés : loi de finances pour 2021 • centre de gestion agréé • entreprises • travailleurs indépendants
La loi de finances pour 2021 a supprimé le coefficient de majoration de 1,25 pour les non-adhérents à un organisme de gestion agréé. Cette suppression s’effectue en deux temps : une réduction progressive du coefficient multiplicateur de 2020 à 2022 et une disparition définitive de ce coefficient à compter de 2023.
Jusqu’à présent, une majoration de 25 % était appliquée au bénéfice imposable des travailleurs indépendants soumis aux régimes des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), des bénéfices non-commerciaux (BNC) ou des bénéfices agricoles (BA) qui n’adhéraient pas à un organisme de gestion agréé (centres de gestion agréé, association de gestion agréées, et organismes mixtes de gestion agréé) ou ne faisait pas appel à un viseur fiscal ou encore à un certificateur étranger. Ces organismes ont notamment pour rôle d’opérer un pré-contrôle de la comptabilité et des déclarations fiscales de leurs adhérents.
Quelles nouveautés ?
L’article 34 de la loi de finances du 29 décembre 2020 [1] vient mettre fin progressivement à cette majoration. Une diminution progressive du pourcentage de majoration est prévue, année par année, jusqu’à disparaître définitivement à compter de l’imposition des revenus de l’année 2023. En attendant sa suppression définitive, la majoration est réduite comme suit :
La mesure est entrée en vigueur le 1er janvier 2021.
Quels sont les contribuables concernés par la majoration ?
La majoration s’applique depuis 2006 [2], pour le calcul de l’impôt sur le revenu, sur les bénéfices professionnels BIC, BNC ou BA des travailleurs indépendants soumis à un régime réel d’imposition qui soit :
Le saviez-vous ?
Cette mesure de majoration est intervenue en réponse à l’intégration dans le barème de l’impôt sur le revenu d’un abattement de 20 % dont bénéficiaient les adhérents à un organisme de gestion agréé jusqu’à l’imposition des revenus de 2005. Le législateur avait alors tenu compte de ce que certains revenus étaient auparavant exclus du bénéfice de l’abattement de 20 %, pour majorer ces revenus de 25 %. L’administration avait alors précisé qu’il ne s’agissait pas d’une sanction mais que cette majoration résultait des dispositions d’assiettes.
La majoration avait pour objectif la fiabilisation des déclarations fiscales. La pratique comptable actuelle des professionnels ne la justifierait plus aujourd’hui selon le rapport de la Commission des finances du Sénat [3].
Intérêt du dispositif
À compter de 2023, la non-adhésion à un organisme de gestion agréé n’aura plus d’impact en matière de majoration des revenus lesquels seront soumis à l’impôt pour leur montant réel, correspondant au bénéfice fiscal.
Il risque cependant de s’en suivre une importante perte de recettes fiscales liées à cette majoration, de même que l’avenir des organismes de gestion agréé devient incertain. L’étalement de la suppression sur quatre années devrait permettre à ces organismes de réorganiser leur modèle économique et gérer l’impact budgétaire.
À noter
Ne sont pas concernées par cette mesure ni la majoration de certains revenus de capitaux mobiliers ni celle du montant déductible de certaines pensions alimentaires prévues aux 2e et 3e de l’article 158, 7 du CGI.
[1] Loi n° 2020-1721, du 29 décembre 2020, de finances pour 2021, art. 34 (N° Lexbase : L3002LZ9).
[2] Loi n° 2005-1719, du 30 décembre 2005, de finances pour 2006, art. 76 (N° Lexbase : L6429HET).
[3] Cour des comptes, Rapport, Les organismes de gestion agréés, quarante ans après : communication à la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale, juillet 2014.
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