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par Ses collègues pénalistes de la faculté de Droit
le 24 Février 2022
La disparition brutale de Frédéric Stasiak a plongé la faculté de Droit de Nancy, à laquelle il était profondément attaché, dans la stupeur : tous les personnels et étudiants ont été très affectés par la soudaineté, beaucoup n’ont pas osé y croire, les voix se sont nouées et les hommages ont afflué. Ceux qui l’ont eu comme enseignant savent la rigueur et la complétude de ses démonstrations. Ceux qui l’ont côtoyé en collègue savent son honnêteté, son intégrité, sa pugnacité et sa disponibilité. Ceux qui l’ont eu pour ami savent qu’ils ont eu de la chance.
Parfois, Frédéric Stasiak expliquait un raisonnement, testant à haute voix une argumentation sur laquelle on le sentait en train de réfléchir. Parfois, il persévérait pour dénoncer une irrégularité ou une méconnaissance d’une règle dans la vie de l’université, au besoin en saisissant un juge. Ne lâchant pas facilement, surtout lorsqu’il pensait avoir raison, il a souvent su résister utilement dans des situations que seule la vie académique peut produire. Ses jeux de mots, parfois désolants et toujours assumés, faisaient tout de même rire, soit qu’ils réussissaient – ce qui était rare – soit qu’ils désarmaient – ce qui était plus fréquent. Lors des discussions plus informelles, ses poules citadines – et leurs œufs aux couleurs étonnantes, il faut en convenir – l’amenaient à de savantes explications. La connaissance de l’Italie poignait parfois et il n’était guère besoin de chercher longtemps l’amour qu’il portait à sa fille.
À l’heure des hommages, on peut rappeler le curriculum vitae du dédicataire, insister sur l’importance de sa pensée, la qualité de ses publications (dont un manuel rapidement devenu incontournable et dont on souhaitait régulièrement la mise à jour), rappeler les nombreuses responsabilités assumées, les publications appréciées, les étudiants encadrés, les réunions animées (et parfois perturbées), les contestations exercées ou bien encore les diplômes créés. Le droit pénal des affaires perd un sachant précieux. L’université, comme elle sait le faire, rendra hommage et essaiera de perpétuer ce qu’il a construit. Cette vie de professeur, d’enseignant et de chercheur, pour autant qu’il soit possible de la reconstituer fidèlement, ne dirait presque pas grand-chose de celui dont la disparition a plongé tous ceux qui le connaissaient dans la stupéfaction. D’un homme aussi pudique, il n’est pas évident de parler. Ceux qui le connaissaient gardent néanmoins tous l’image d’un sourire marqué par une ironie bienveillante et d’une personnalité libre et accueillante, d’une simplicité modeste, d’un bon compagnon : un homme bien.
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