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par Anne Lebescond, Journaliste juridique
le 07 Octobre 2010
Détenteur des nationalités française et américaine, il représente un véritable pont entre ces deux pays et leur culture respective -ce qui, très certainement, a, notamment, déterminé le choix des associés de Salans de l'élire Chairman, à l'occasion du récent renouvellement du global board-. Très actif au sein de la communauté française aux Etats-Unis, il est l'ancien vice-président du conseil d'administration du Lycée français de New-York, membre du conseil d'administration et du comité exécutif de la Brain Trauma Foundation et conseiller du Commerce extérieur de la France.
Entre deux vols Paris-New-York, nous avons rencontré François Chateau -qui accessoirement a importé le concept de la bonbonne d'eau au sein des entreprises françaises (qui, en effet, ne connaît pas Chateaud'eau ?)-afin qu'il nous présente plus en détail ce cabinet d'excellence et la politique qu'il entend mener en son sein.
Lexbase : Pouvez-vous nous présenter le cabinet Salans & Associés ? Quelles sont ses spécificités par rapport aux autres cabinets à dimension internationale ?
François Chateau : Créé en 1978 à Paris, Salans est aujourd'hui l'un des principaux cabinets d'avocats internationaux. Il rassemble plus de 750 avocats dans 21 pays (1).
Notre cabinet est "multinational" et multiculturel, plutôt qu'international.
Nous ne suivons pas un modèle britannique ou américain, ou même français, notre modèle est unique.
Chacun de nos bureaux repose sur un certain nombre d'associés et de collaborateurs locaux, maîtrisant plusieurs langues étrangères et ayant exercé, pour la plupart, dans différents pays, et des avocats étrangers. Nous ne nous contentons, donc, pas de traduire des langues, mais bien, des connaissances et des concepts locaux. Cette approche est essentielle, en ce qu'elle permet de nous imprégner au mieux de la culture du pays dans lequel nous nous implantons, optimisant, ainsi, la relation avec nos clients, ainsi que le service que nous leur offrons.
Cette démarche a été privilégiée dès l'origine. Elle constitue l'essence même de notre cabinet, fondé par deux avocats américains et un avocat français : Jeffrey M. Hertzfeld, Carl F. Salans et Eliane Heilbronn. Ces derniers, qui ont tout de suite souhaité s'orienter vers l'international et, en particulier, vers les pays émergents, ont placé la combinaison de la sophistication continentale et des expériences locales au coeur de notre exercice. La connaissance du droit en général et des droits locaux, ainsi que leur application stricte et rigoureuse par nos juristes, constituent la "marque" de notre structure ; sa qualité essentielle.
Salans a, également, pour particularité de fonder son organisation et son partnership sur le principe de démocratie et de stricte égalité : nos 180 associés, issus des différents pays dans lesquels nous sommes implantés, disposent tous du même droit de vote. Le principe d'un associé/une voix s'inscrit dans notre volonté de respecter chacun. Parallèlement à la qualité de nos prestations, c'est grâce à ce fort intuitu personae, tant au sein de notre structure, que dans la relation avec notre clientèle, que nous fidélisons cette dernière.
Lexbase : Ces considérations ont-elles déterminé votre souhait de rejoindre cette structure ?
François Château : Tout à fait. J'ai rejoint le cabinet le 1er mars 1999, après avoir exercé près de vingt ans exclusivement aux Etats-Unis au sein de structures américaines. Intégrer Salans a été, pour moi, un "retour au bercail" réussi : j'ai rejoint une structure à dimension internationale, mais dont je partageais, enfin, la culture et les valeurs. Je ne pouvais pas rêver mieux !
Lexbase : La nomination d'un français à la tête d'une telle firme est une situation originale. Quels bénéfices le cabinet va-t-il en retirer ?
François Château : J'ai souligné que les fondateurs de Salans étaient américains et français. Aujourd'hui, les associés ont choisi de nommer un franco-américain en qualité de Chairman du global board. Cette élection, me semble-t-il, s'inscrit totalement dans l'identité du cabinet.
Comme je viens de l'indiquer, l'une des préoccupations essentielles de notre structure est l'équité, notamment, en termes de représentation. Nous avons pour principal souci de ne pas avantager les uns au détriment des autres, mais, au contraire, de concilier aux mieux les intérêts de chacun, de trouver la juste mesure, le meilleur consensus. Dans cette optique, élire une personne qui n'est, ni française, ni américaine (ou bien, dans mon cas, qui a baigné dans ces deux cultures), peut rassurer.
Chez nous, la règle arithmétique veut qu'un plus un donne trois : les succès rencontrés dans un pays se multiplient dans un autre pays. La réussite actuelle et à venir de Salans continuera, ainsi, de rayonner partout où nous sommes implantés.
Lexbase : Quelles sont les ambitions fixées pour Salans au titre de cette année 2010 ?
François Chateau : Salans s'est d'abord positionné comme pionnier des pays émergents, préférant renforcer ses effectifs en temps de crise, plutôt que "remballer" (pardonnez-moi l'expression), comme d'autres cabinets ont pu être tentés de le faire.
Ainsi, outre ses bureaux implantés à New-York et dans les principales capitales d'Europe occidentale (dont Paris, Londres, Berlin, Madrid, Francfort et Barcelone), le cabinet est très rapidement devenu incontournable en Europe de l'Est et en Asie centrale et occidentale (nous sommes, notamment, implantés à Varsovie, Prague, Bucarest, Budapest, Kiev, Bratislava, Moscou, Saint-Pétersbourg, Bakou, Istanbul, etc.). Notre structure est, également, devenue l'une des plus importantes à Shangaï et nos récentes implantations à Hong-Kong et à Bejing sont venues compléter ce large réseau international.
Mon objectif, en tant que Chairman, est de continuer à renforcer la position de Salans en tant qu'acteur prédominent du marché juridique international, couvrant tous les aspects du droit des affaires. Nous entendons, ainsi, poursuivre cette croissance sur nos bases historiques (Paris, New-York, Londres, etc.), sur les marchés émergents où nous sommes leaders, mais aussi, sur de nouveaux marchés stratégiques.
Lexbase : Comment Salans a-t-il vécu la crise financière ?
François Château : La crise nous a, bien entendu, poussés à mener des actions spécifiques dans chaque pays où nous sommes implantés, notamment, en termes de management.
Nous avons "pris le taureau par les cornes", en particulier, à Londres, où la crise s'est faite le plus ressentir. Nos autres bureaux ont particulièrement bien résisté, permettant de résorber les difficultés rencontrées en Grande-Bretagne. Comme nous l'avons toujours fait jusqu'à présent, nous avons choisi, en dépit de ce contexte difficile, de nous renforcer, en recrutant d'excellents avocats au travers du globe et, en particulier, en Europe de l'Est.
Ainsi, nous avons efficacement fait face à la conjoncture, bien qu'aujourd'hui, nous sommes, évidemment, contents qu'elle soit derrière nous.
Lexbase : Vous exercez à New-York et à Paris et bénéficiez, à ce titre, d'une perspective intéressante sur la question de la compétitivité du droit français à l'international. Quel est votre sentiment sur ce point ?
François Château : Je ne suis pas certain d'être un expert sur cette question. Néanmoins, je constate qu'outre l'obstacle de la langue -l'anglais étant la langue du droit des affaires par excellence-, le premier frein à la compétitivité du droit français reste la lourdeur de notre cadre juridique et fiscal.
Malgré les nombreuses annonces de réformes formulées depuis vingt ans, rien n'a réellement été fait pour simplifier et assouplir notre droit. Il suffit de comparer les modalités de constitution d'une société aux USA et en France pour se convaincre du décalage existant. Aux Etats-Unis, vous constituez aisément une société en peu de temps et avec un minimum de capitaux. En France, le modèle de la SA (accompagné de toutes ses contraintes, en termes de capitaux, de nombre d'actionnaires, de gouvernance, etc.) reste la règle, même s'il y a eu des améliorations avec la SAS.
Tant que notre droit ne sera pas véritablement plus flexible, nous ne pourrons prétendre l'imposer. Les droits britannique et américain s'exportent bien plus facilement, eu égard à leur souplesse. En témoignent les nombreux contrats franco-français qui, finalement, sont totalement inspirés des modèles anglo-saxons.
Cette situation est regrettable, car, sur bien des aspects, notre droit est plus sain. Ce manque de flexibilité est un réel handicap. Il serait grand temps d'y remédier.
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