Le Quotidien du 7 février 2023 : Actualité judiciaire

[A la une] La folie d’une femme au cœur du procès de l’incendie de la rue Erlanger

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par Vincent Vantighem

le 06 Février 2023

             « T’es pompier ! T’aimes les flammes ? Ben ne t’inquiète pas, tu vas en voir… » Cette nuit de février 2019, le jeune homme qui réside au deuxième étage de l’immeuble situé au 17 bis de la rue Erlanger à Paris, comprend tout de suite qu’il va y avoir un problème. La jeune femme qui lui lance cette phrase n’est autre que sa voisine de palier. Des heures qu’il se bat avec elle pour lui faire baisser le volume de la musique. Des heures qu’elle hurle… Sur les conseils des forces de l’ordre, il décide de mettre sa compagne à l’abri, craignant le pire. Et quand il revient chez lui, quelques minutes, plus tard, les flammes dévorent déjà le deuxième étage…

Aujourd’hui âgée de 44 ans, Essia Boularès est jugée, depuis lundi 6 février, aux assises de Paris pour cet impressionnant sinistre qui a causé la mort de dix personnes dans la nuit du 4 au 5 février 2019. Une cinquantaine d’occupants de l’immeuble avaient pu être évacués. Mais dix personnes âgées de 16 à 92 ans étaient décédées. Sept d’entre elles par asphyxie. Les trois dernières après s’être défenestrées, faisant de ce drame l’incendie le plus meurtrier depuis 2005 dans la capitale. Situé en fond de cour, l’immeuble de huit étages était difficile d’accès pour les pompiers qui, faute de pouvoir déployer les grandes échelles, ont dû agir à l’ancienne en grimpant à la force des bras… Ces derniers avaient mis six heures pour maîtriser le feu qu’ils avaient alors décrit comme d’une « incroyable violence ».

Des bouffées délirantes et des séjours en psychiatrie

             Interpellée en état d’ébriété aux abords de l’immeuble et alors qu’elle tentait de mettre le feu à une poubelle, Essia Boularès a nié l’évidence toute l’instruction. Avant de finir, devant le juge, par reconnaître sa responsabilité et lui demander la liste des victimes pour penser à elles. « Elle va essayer d’être à la hauteur de l’épreuve du procès, a sobrement indiqué Sébastien Schapira, son avocat. Ne serait-ce que pour accompagner les parties civiles dans la recherche de la vérité… »

Quarante-cinq rescapés et proches de victimes sont, en effet, attendus dans le prétoire pour comprendre comment la jeune femme en est arrivé là. Comment elle a fini par placer des tissus, des papiers et une planche de bois sur la porte de son voisin avant d’allumer le tout avec un simple briquet. Pour une simple querelle de voisinage.

La question de son état psychiatrique sera au cœur de cette audience. Qualifiée « d’enfant taquine et enjouée » par sa mère, Essia Boularès était, plus tard, devenue une adolescente « impulsive » et « violente ». Son parcours est marqué par une forte consommation d’alcool dès l’âge de 15 ans, puis de cannabis et, occasionnellement, d’autres drogues. Elle parvient à décrocher son bac et un diplôme de gestion hôtelière, mais alterne les petits boulots avec des séjours en hôpital psychiatrique, en raison de bouffées délirantes.

Juste avant le drame, elle avait justement été hospitalisée sous contrainte, à la demande de sa sœur. La mesure avait été levée douze jours plus tard, les symptômes délirants ayant disparu. « Est-ce que ce n’était pas un peu trop tôt ? », s’interroge déjà Sandy Christ Bhaganooa, avocate d’une famille ayant perdu deux personnes dans l’incendie.

Son discernement altéré mais pas aboli ?

             Au-delà de l’horreur des faits, c’est donc la question de la responsabilité pénale de cette jeune femme qui sera au cœur des débats. « Les parties civiles cherchent à comprendre ce qui s’est passé dans la tête de cette femme. Est-ce qu’elle avait conscience qu’il y avait des familles dans cet immeuble ? », poursuit ainsi Sandy Christ Bhaganooa.

Deux expertises psychiatriques ont estimé probable le diagnostic de personnalité « borderline », trouble caractérisé par une grande instabilité dans les relations sociales et l’image de soi, et des fluctuations d’humeur extrêmes. Ils ont aussi conclu que son discernement était « altéré » au moment des faits mais pas « aboli ». Une conclusion qui, si elle est retenue par la cour d’assises, lui fera encourir une peine de trente ans de réclusion criminelle au lieu de la perpétuité. Le verdict est attendu le 23 février.

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