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par Vincent Vantighem
le 23 Novembre 2022
En avril dernier, lors de son procès en première instance, Coline Berry avait fini par recevoir une gifle au beau milieu du prétoire d’Aurillac (Cantal), assénée par Pascale Louange, l’actuelle compagne de son père Richard Berry. Mercredi 9 novembre, pour le second round devant la cour d’appel de Riom (Puy-de-Dôme), la jeune femme a jeté l’éponge avant même le début du combat. Elle n’a pas souhaité comparaître à son procès en appel. « Hors de question qu’elle se retrouve face à son père et à son clan », résume un de ses proches.
Pourtant, c’est bien à elle que la justice réclame des comptes. Quasiment deux ans après avoir dénoncé dans les colonnes du Monde et sur les ondes de BFM TV avoir été abusée sexuellement par son père, lorsqu’elle était enfant, Coline Berry a été jugée, en appel, pour des faits de diffamation. Ce n’est pas son père, le célèbre comédien, qui a porté plainte contre elle, Mais l’ex-femme de ce dernier : Jeane Manson, une chanteuse américaine qui a fait carrière en France et qui a été éclaboussée par les accusations.
Coline Berry assure, en effet, que cette dernière était présente au domicile où son père a abusé d’elle, entre 1982 et 1986. Et même qu’elle a participé aux ébats. « Tout est faux. Ça n’a jamais existé », a donc assuré la chanteuse à la barre de la cour d’appel de Riom pour justifier le fait qu’elle avait attaqué en diffamation, estimant que toute cette affaire avait entaché sa réputation. « Je suis quelqu’un de très pudique, je ne me mettais jamais nue devant les enfants ni devant les autres personnes à la maison. Personne n’embrassait les enfants sur la bouche. Encore moins avec la langue ! »
Déballage familial à la barre de la cour d’appel
Mais évidemment, ce n’est pas son audition qui était la plus attendue. Mais bien celle de Richard Berry. Le comédien, emporté dans cette tourmente depuis la plainte de sa fille, n’a plus donné d’interviews publiques. Il a toujours dit qu’il réservait sa réponse aux juges. Et l’audience de mercredi ne l’a pas démenti. Pendant une heure trente, il est longuement revenu sur les accusations dont il a fait l’objet, toile de fond de cette sordide affaire familiale.
« Malgré les accusations abjectes [de Coline Berry], je n’ai jamais voulu lui intenter un quelconque procès, car c’est ma fille… », a-t-il lâché avant de se muer en psychologue de l’existence. Selon lui, sa fille ne serait qu’une menteuse. « On l’appelait Coco la mytho lorsqu’elle était enfant », a-t-il expliqué. Et il a même fourni une explication à tout ça : l’alcoolisme et l’antisémitisme de son ex-femme, Catherine Hiegel, lorsqu’elle était enceinte de Coline. « Elle faisait 1,9 kg à la naissance, je pense que c’est à cause des litres d’alcool [que sa mère] buvait et des clopes qu’elle s’enfilait. Je devais ramasser son vomi… »
La plainte de Coline Berry classée sans suite pour… prescription
Tout ça ne pourrait être qu’un sordide déballage familial impliquant des stars s’il n’y avait pas un réel débat juridique derrière toute cette affaire. Car aujourd’hui prévenue de faits de diffamation, Coline Berry est surtout celle qui avait déposé une plainte contre son père. Plainte qui a été classée sans suite par le parquet de Paris, le 31 août, pour cause de prescription.
Pour choisir cette orientation, le parquet de Paris s’est, à l’époque, appuyé sur une circulaire du ministère de la Justice datée du 26 février 2021. Celle-ci précise qu’en cas de classement sans suite, « le motif de la prescription doit être coché uniquement […] lorsque “les faits révélés ou dénoncés dans la procédure constituent bien une infraction, mais que le délai fixé par la loi pour pouvoir les juger est dépassé” ». Autrement dit, la justice se retrouve aujourd’hui à devoir juger en diffamation une jeune femme pour avoir dévoilé des accusations contre son père. Sauf que ces accusations seraient peut-être caractérisées si la justice pouvait réellement enquêter dessus sans être gênée par la prescription.
Un vaste débat à l’heure où la parole des femmes se libère chaque jour davantage et où les pouvoirs publics les encouragent dans cette voie. Un vaste débat aussi à l’heure où les associations féministes dénoncent, elles, les « procédures-bâillons » en diffamation qui freinent justement les victimes dans le cadre de cette libération de la parole.
Jeane Manson réclame 250 000 euros de dommages et intérêts
Un déballage familial et une vraie question de droit : voilà donc les termes du débat posé désormais sur le bureau des juges de la cour d’appel de Riom. Car comme il est d’usage en matière de procédure en diffamation, le parquet général n’a pas pris position dans le débat, préférant s’en remettre à la sagesse de la cour.
Celle-ci sait bien que Coline Berry a été, en première instance, reconnue coupable de diffamation envers Jeane Manson, notamment en raison de son animosité personnelle envers elle. La jeune femme avait été condamnée à 2 000 euros d’amende et à verser 20 000 euros de dommages et intérêts à la chanteuse. Mercredi dernier, celle-ci en a réclamé 250 000, assurant que toute cette affaire avait brisé sa fin de carrière. La décision de la cour d’appel sera rendue le 8 décembre.
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