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par Vincent Vantighem
le 03 Décembre 2024
Il était un peu plus de 20h30, mercredi 20 novembre, quand Pascal Couvignou a glacé la chambre correctionnelle B du tribunal de Melun (Seine-et-Marne) et surtout l’homme qui se trouvait face à lui. « M. Palmade, vous êtes reconnu coupable de tous les faits qui vous étaient reprochés. Vous êtes condamné à cinq ans de prison dont deux ferme assortis d’un mandat de dépôt à effet différé et d’une exécution provisoire… Je vais vous expliquer tout ça... » Les deux mains posées sur la barre, l’air hagard, livide, l’humoriste a vacillé quelques secondes. Puis il a tenté de comprendre les explications du magistrat. Sans succès visiblement. La séance immédiatement levée, il s’est donc tourné vers ses deux avocats pour une seconde séance d’explications. « Oui, il a fallu reprendre les choses, confie l’un de ses conseils. Il a fallu lui confirmer qu’il allait bien partir en détention... »
Mardi 3 décembre, le comédien a fait savoir qu’il renonçait à faire appel de cette condamnation et qu’il acceptait son sort. La suite est donc désormais connue : il va être convoqué par un magistrat du parquet de Bordeaux (Aquitaine), là où il réside, dans les prochains jours. Celui-ci va lui indiquer à quelle date et dans quel établissement pénitentiaire il sera incarcéré. Au moins pour quelques mois. Avant que ses avocats ne parviennent à monter un dossier d’aménagement de peine et, ensuite, à le faire accepter. La seule question est de savoir si ce magistrat le laissera passer les fêtes de Noël en famille ou s’il sera derrière les barreaux à ce moment-là.
« J’ai retrouvé goût à la vie... », dit Pierre Palmade maladroitement
Un an et demi après le terrible accident de la circulation sous l’emprise de produits stupéfiants qu’il a causé sur une ligne droite de Seine-et-Marne, Pierre Palmade a donc découvert ce que la justice signifiait. Cette peine de prison ferme et l’exécution provisoire qui l’accompagne sont dues à plusieurs choses, si l’on regarde le dossier froidement. D’abord, le fait que le comédien avait déjà été condamné pour usage de stupéfiants et que donc il a été jugé en état de récidive légale (il encourrait une peine de quatorze années de prison) ; ensuite le fait qu’il risque de rechuter, lui qui se dit sobre, mais qui est retombé dans les tréfonds de l’usage de drogue lors de sa convalescence bordelaise avant de se reprendre. Et surtout, sur le décalage qui a éclaté au grand jour à la barre du tribunal de Melun.
Pierre Palmade a été très bien défendu et il s’est très bien défendu en reconnaissant l’intégralité des faits et en demandant au président Couvignou l’autorisation de se tourner vers les victimes de son accident de la route pour leur présenter des excuses, quand bien même ils n’en voulaient pas. Mais, à grand renfort de transparence et d’aveux, il n’a pas pu se retenir à la barre en indiquant qu’il avait « retrouvé goût à la vie » depuis qu’il était sevré. « Je me sens mieux. Je ne suis plus dans la drogue. Je dors mieux... » Dans le prétoire, chacun a semblé comprendre qu’il disait vrai.
Mais dans ce même prétoire, chacun a aussi revécu les témoignages précédents. D’abord, celui de Yuksel, le conducteur de la voiture dans laquelle Pierre Palmade est rentré ce soir de février 2023. Avec 170 jours d’incapacité totale de travail au compteur, il a demandé à pouvoir déposer assis à la barre pour expliquer qu’il ne travaillait plus, ne travaillerait sans doute plus jamais et ne pouvait plus jouer au football avec ses enfants, lui qui est porteur d’une prothèse de hanche désormais. Que dire ensuite de Mila qui, la voix entrecoupée de sanglots, a raconté l’impossibilité qu’elle avait de prendre son nouveau-né de deux mois dans les bras. Parce que celui-ci lui rappelle trop l’enfant à naître qu’elle a perdu lors de la collision, elle qui était enceinte de six mois. Son mari d’ailleurs n’a pas pu être présent dans le prétoire, « car lui ne pourrait pas supporter la présence de Pierre Palmade », a publiquement expliqué leur avocat Mourad Battikh.
Le débat sur l’homicide routier
Pierre Palmade a donc reconnu avoir brisé la vie d’une famille à cause des drogues qu’il s’injectait pour des parties de sexe avec des jeunes hommes. La famille brisée est venue témoigner et confirmer. Et le tribunal de Melun a donc eu à trancher ce litige. En une journée où la justice a décidé de donner la parole à tout le monde. Si l’opinion publique a découvert les délits d’homicide et de blessures involontaires avec toute cette affaire, que la classe politique en a profité pour ressortir l’idée marketing d’un délit d’homicide routier, la justice a fait ce qu’elle sait faire de mieux : juger.
Juger que Pierre Palmade devait être sanctionné par une peine de prison ferme. Sans possibilité d’y échapper donc. Avec une exécution provisoire pour qu’il soit derrière les barreaux et qu’il soigne son addiction à la cocaïne à la 3-MMC, cette drogue de synthèse utilisée pour intensifier le plaisir lors des rapports sexuels. Et surtout qu’il évite la récidive, lui qui a décrit son quotidien de soins sur un fil en permanence. Et sa rechute dans les bars de Bordeaux un soir où il se sentait un peu seul. C’est désormais dans un centre pénitentiaire que Pierre Palmade va poursuivre sa tentative de guérison, et essayer de comprendre comment il en est arrivé là.
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