La lettre juridique n°875 du 2 septembre 2021 : Avocats

[En librairie] Le livre de Maître Mô [Réédition] - Questions à Eric Morain, avocat au barreau de Paris

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par Marie Le Guerroué et Joséphine Pasieczny

le 02 Septembre 2021


En février dernier, Jean-Yves Moyart, alias Maître Mô, célèbre avocat de Twitter et auteur des chroniques de la justice « ordinaire » publiées dans son livre Guet-apens, est décédé.  

Le 16 septembre prochain paraitra une réédition de ses histoires en robe noire en version augmentée.  

Eric Morain, avocat au barreau de Paris et proche de Maître Mô, a œuvré pour cette réédition. Il a accepté, pour Lexradio et Lexbase Avocats, de revenir sur cet « avocat conteur » qu’était Maître Mô, sur ces chroniques qui ont marqué des générations de juristes et de non-juristes et sur l’histoire de cette réédition. 

 

Cette interview est également à retrouver en podcast sur Lexradio.


 

Lexbase Avocats : Est-ce que vous pouvez nous raconter l’histoire de cette réédition ?

Éric Morain : L'histoire de cette réédition commence au lendemain même du décès de de Maître Mô. Laurent Beccaria, le directeur des éditions des Arènes m'appelle. Il me fait part de sa peine et me souvenir que dans la « Revue XXI », qu’il dirige également avec Patrick de Saint-Exupéry, il avait publié une des nouvelles de Maître Mô en 2012, qu’il avait gardé un très beau souvenir de cette rencontre et qu’il aimerait faire quelque chose.

Je lui apprends que les droits du livre de Maître Mô Guet-apens ont été rendus juste avant son décès et qu’aujourd'hui le livre est libre de droits puisque non réédité et non republié par les éditions de la Table Ronde. C'est comme cela que se crée ce lien. Avec cette volonté très forte à la fois de la veuve de Maître Mô, de Laurent Beccaria et des amis de Maître Mô de rééditer ce livre dont Jean-Yves était très fier.

Lexbase Avocats : Cette réédition sera donc une version augmentée. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur ses nouveautés ?

Éric Morain : La réédition comporte trois chroniques supplémentaires auxquelles s'ajoute une préface et un texte final. Un texte qui a été merveilleusement écrit et lu par la femme de Maître Mô au moment de ses obsèques.

Lexbase Avocats : Quel message souhaitait faire passer Maître Mô à travers ses chroniques ? Pourquoi ont-elles rencontré un si grand succès auprès des juristes comme auprès de celles et ceux qui ne le sont pas ?

Éric Morain : Il y a trois raisons. D'abord, il y a une raison de conteur. Il aimait raconter les histoires et ils savaient très bien les raconter. Il aimait d'ailleurs ce mot « histoires ». Parce que dans nos cabinets, lorsque nos clients viennent nous voir, ils nous racontent une histoire. Le plus souvent, quand on est pénaliste, une histoire dramatique. Et on va « rejouer » cette histoire à un moment devant un tribunal et lui les racontait très bien. Ensuite, il racontait ces histoires sans fard, sans esbroufe, sans cacher ce qu'on cache parfois quand on veut présenter un peu mieux un dossier, sans cacher ses peurs aussi, sans cacher son ressenti. Enfin, et c’est la troisième raison, c'est le meilleur manuel de procédure pénale qui soit pour ceux qui veulent apprendre le métier. Tout y est. Tout ce qu'on apprend à l'école d'avocat, mais surtout tout ce qu’on ne nous y apprend pas. En cela, c'est un manuel de vie.

Lexbase Avocats : Beaucoup d’avocats ont écrit que ses chroniques « redonnaient foi en leur métier », est-ce que vous les comprenez ?

Éric Morain : Il a publié ce livre à une époque où sans doute il était moins connu que ce qu’il a été par la suite et ce livre n'a pas eu le succès qu’il méritait. Il ne s’agit pas de mémoires d'avocat parce que les mémoires d'avocat parfois c'est un petit peu plus pesant. Là, c'est juste scotchant ! C'est ça le métier ! Il ne faisait pas obligatoirement mieux ou différemment que les autres mais il racontait ça de manière absolument incroyable. En plus de cela, il donnait tout pour ses clients, quels qu’ils soient. Et cela se ressent au fil des pages.

Lexbase Avocats : Si vous ne deviez choisir qu’une seule chronique, laquelle serait-ce ? 

Éric Morain : Celle qu'on publie, qu’il avait publié sur son blog mais qui n'était pas dans la première édition et qui s'appelle « 1 heure ». Elle raconte le momentum, c'est-à-dire ce moment où les débats sont clos, où l'avocat va avoir la parole après une petite suspension. Il a 1 heure pour préparer une plaidoirie parce qu’une heure plus tard, et pas 1 h 05 ou 1 h 10, mais juste une heure plus tard, un président ou une présidente lui donnera la parole en disant « Maître, vous avez la parole, on vous écoute » pour la défense d'un accusé. Cet instant là, ce moment-là, où tout s'entrechoque, où l’on pense que l’on ne va pas y arriver, où l’on n'arrive pas à aligner deux mots, où l’on ne sait pas comment on va commencer, encore moins comment on va finir tout ce moment-là il le raconte sans aucune pudeur et sans aucune esbroufe. J’aime profondément ce texte et je suis content qu'il ait été choisi dans cette réédition.  

Lexbase Avocats : Est-ce que vous avez un dernier Môt ?

Éric Morain : Ce livre est aussi une belle rencontre d’éditeur et d'auteur. Je sais que Maître Mô était très fier de ce livre. Il se définissait souvent comme un petit avocat de province et il  était très fier d'avoir publié un livre. C'était sa fierté, ça existait et c'était quelque chose de l'ordre d’un accomplissement social et professionnel. C'est bien qu'il revive. Il va à continuer à vivre car je sais qu’il va avoir beaucoup de succès. Il faut rendre hommage aussi aux éditions des Arènes et à Laurent Beccaria qui abandonnent leurs droits d'éditeurs, c'est-à-dire tout ce qui doit revenir normalement comme bénéfice à l'éditeur une fois qu'il a payé tous les frais, au profit des enfants et de la femme de Maître Mô. C'est une très belle chose. D'abord, parce qu’ils sont très jeunes et ensuite parce qu’évidemment qu'il les aimait infiniment. Cela va être une manière finalement pour lui, même de loin, de continuer à contribuer à leur bien-être. C'est une jolie chose à travers ce livre. 


 

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