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N3402BRG
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par Fabien Girard de Barros, Directeur de la publication
le 27 Mars 2014
"Errare humanum est" : à grand renfort d'équerre, de compas, de maillet, de ciseau et de fil à plomb, le maire avait sans doute pensé oeuvrer en faveur du droit au logement opposable en subventionnant des loges maçonniques, dont la vocation est, faut-il le rappeler, l'élévation de la condition humaine, le progrès social, le rayonnement de la philosophie des Lumières... de l'art de bâtir certes, mais les esprits plus que les murs. Aussi, les juges l'accusèrent, à demi-mot, d'oeuvrer plus volontiers pour le droit à la loge organisée, en subventionnant le développement des associations elles-mêmes et non leurs actions sociales.
Cultuelles ? Ces associations ne le sont plus, du moins en France ; la plupart d'entre elles relevant d'obédiences libérales ou adogmatiques... et les juges ne s'y sont pas trompés. Avouez que condamner une municipalité pour subvention d'associations que l'on croirait cultuelles, mais dont l'un des prosélytismes les plus fervents est celui de la laïcité, eut été des plus cocasses. Culturelles ? Si la République n'encourage pas elle-même, fut-ce par le truchement de quelques conseils municipaux, le développement des idées républicaines au premier rang desquelles la laïcité, la fraternité ou la liberté, on se demande qui doit être en charge de la propagande de la "pensée éclairée" dans notre société ? Mais, là encore, les juges n'ont pas failli : ce qu'ils sanctionnent n'est assurément pas le fait de subventionner les actions culturelles et sociales des associations, fussent-elles des loges maçonniques ; mais de subventionner et, donc, de participer à l'organisation et au fonctionnement d'une Grande loge, c'est-à-dire la fédération de ses associations en vue de mutualiser leurs ressources spirituelles et pécuniaires, d'influer plus grandement sur le débat social et d'accentuer leur oeuvre philosophique et philanthropique... Comparaison n'est pas raison, mais c'est un peu comme si la puissance publique participait au fonctionnement et à la structuration des églises, de quelque confession que ce soit, et non directement à leurs actions caritatives...
On l'aura compris, tout cela sent inexorablement, et encore de nos jours, le soufre. Et, les magistrats administratifs chargés de veiller à la bonne utilisation des deniers publics ont, nécessairement, maille à partir avec les premiers magistrats municipaux, parfois eux-mêmes cooptés, sur un sujet aussi sensible, aux contours si ambigus. Pourtant, la franc-maçonnerie se veut moins secrète que discrète ; on ne saurait l'accuser d'un ésotérisme d'un autre âge et d'un culte du secret provocateur, quand elle s'affiche régulièrement à la Une des hebdomadaires de tout bord... ou organise des "apéros maçons", réunissant dans un café lyonnais des francs-maçons et des non-initiés pour dialoguer sur des questions de société. C'est que le sujet fait vendre, les non-initiés guettant une nouvelle "affaire des casseroles", un nouveau "Roberto Calvi", le scandale de la LogeP2 made in France... Que Benjamin Franklin, Voltaire, Frédéric II, Goethe, Mozart, Washington, Jules Ferry, Théodore Roosevelt, ou Simon Bolivar furent francs-maçons, soit ! Mais ce qui trouble les foules touche plus directement aux arcanes du pouvoir... Une fusion bancaire quasi-avortée, un préjudice moral de plusieurs millions d'euros, des réseaux fraternels dont l'oeuvre philosophique et philanthropique est parfois difficile à cerner, souvent pour les non-initiés, parfois même pour certains adeptes.
L'attitude prudente des juges administratifs est donc à saluer. Sans condamner le principe existentiel de la franc-maçonnerie et en reconnaissant son rôle social et émancipateur dans une société de progrès, ils condamnent les collusions troubles, à l'heure où l'on parle d'une loi sur la prévention des conflits d'intérêts, sur la déontologie dans la vie publique...
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