L'on se souvient des débats judiciaires animés aux fins de permettre la cohabitation entre le droit à la copie privée et le respect des principes de propriété intellectuelle. C'est aujourd'hui, au tour de la Haute juridiction de se prononcer en la matière, aux termes d'un arrêt qui ne devrait pas passer inaperçu, puisque publié sur son site internet (Cass. civ. 1, 28 février 2006, n° 05-15.284, Studio Canal SA c/ M. P.
N° Lexbase : A2162DNE). En l'espèce, un particulier voulait copier le DVD de "Mulholland Drive" sur une cassette VHS pour le visionner, ne possédant pas de lecteur DVD. Or, le dispositif anti-copie installé sur le DVD du film rendait cette opération tout à fait impossible. La cour d'appel, près d'un an après le jugement du TGI de Paris (TGI Paris, 30 avril 2004, n° 03/08500
N° Lexbase : A1882DCP), revient sur la décision des juges de première instance. En effet, elle rappelle que la possibilité de réaliser des copies privées, prévue par les articles L. 122-5 (
N° Lexbase : L3363ADW) et L. 211-3 (
N° Lexbase : L3429ADD) du Code de la propriété intellectuelle, constitue une exception légale aux droits d'auteur, et non pas un droit qui serait reconnu de manière absolue à l'usager (CA Paris, 22 avril 2005, n° 04/1933
N° Lexbase : A1867DIY). La Cour de cassation va censurer les juges du fond. Pour les Hauts magistrats, l'exception de copie privée ne peut pas faire échec aux mesures techniques de protection destinées à empêcher la copie, lorsque cette copie aurait pour effet de porter atteinte à l'exploitation normale de l'oeuvre, laquelle doit s'apprécier en tenant compte de l'incidence économique qu'une telle copie peut avoir dans le contexte de l'environnement numérique. Le prononcé de cet arrêt intervient en plein débat législatif, dans le cadre de l'examen du projet de loi DADVSI transposant la Directive 2001/29/CE du 22 mai 2001 (
N° Lexbase : L8089AU7). Il sera intéressant de voir quelle solution le législateur retiendra pour concilier le droit à la copie privée et les systèmes anti-copie.
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