Dans un arrêt rendu le 17 septembre dernier, la Cour de cassation estime que "
reproduire sans autorisation adéquate la photographie d'une personne nue ou suggestivement déshabillée porte atteinte tant à son image qu'à sa vie privée et constitue un trouble manifestement illicite" (Cass. civ. 1, 17 septembre 2003, n° 00-16.849, Société conception de presse (SCP) c/ Mme Isabelle Funaro, épouse Obispo, inédit
N° Lexbase : A5294C9X). Dès lors, la juridiction des référés est compétente pour prendre toutes les mesures propres à "
prévenir, faire cesser, cantonner ou réparer le fait dénoncé". En l'espèce, un magazine publie sur plusieurs pages, dont celles de couverture et sommaire, plusieurs photographies représentant l'épouse de Pascal Obispo, largement ou totalement dénudée. Ces photos sont accompagnées de "
commentaires égrillards" relatifs au jeune âge de l'intéressée et à l'impact de ses charmes sur son époux. La jeune épouse intente alors une action devant les tribunaux ; elle saisit le juge des référés, lequel fait droit à sa demande. La société forme un pourvoi en cassation, estimant que la cour d'appel a retenu à tort un trouble manifestement illicite insusceptible de réparation au fond ainsi qu'une atteinte à la vie privée. En vain : la Cour de cassation rejette le pourvoi, en retenant que le trouble manifestement illicite est caractérisé et que, par conséquent, le juge des référés était compétent. La Cour estime que l'activité de modèle exercée par la jeune épouse, ni la publication antérieure des mêmes clichés, ni le caractère posé de ceux-ci n'étaient par eux-mêmes des faits justificatifs. De plus, la Cour constate qu'un équilibre a été recherché entre les droits de la personnalité de l'épouse et la liberté d'expression, "
par le prononcé de sanctions adaptées aux faits relevés et évitant le retrait pur et simple de la vente du magazine", ce qui justifie, de surcroît, la décision.
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