Aux termes d'un arrêt rendu le 2 juillet 2014, la Cour de cassation rappelle que, pour engager la responsabilité de l'avocat rédacteur d'acte, il est nécessaire de caractériser l'existence d'un lien de causalité entre la faute reprochée et le dommage allégué (Cass. civ. 1, 2 juillet 2014, n° 13-11.720, F-D
N° Lexbase : A2681MTH ; cf. l’Ouvrage "La profession d'avocat" N° Lexbase : E0385EUS). En l'espèce, les époux A. ont signé le 28 janvier 2010, sous diverses conditions suspensives, deux actes non indivisibles rédigés par avocat, valant, d'une part, promesse synallagmatique de vente d'une officine de pharmacie par la société X, d'autre part, promesse de cession par la société Y (le cédant) d'un fonds de commerce de restaurant assortie d'une clause de dédit moyennant une indemnité forfaitaire. Il a été substitué à ce second acte, une promesse de cession du seul droit au bail, sans réitération de la clause relative à la faculté de dédit. Le projet d'acquisition de l'officine de pharmacie, qui devait être exploitée dans les locaux cédés, n'ayant pas été mené à son terme, le cédant a assigné les époux A. en constatation de la réalisation des conditions suspensives et du caractère parfait de la cession du droit au bail ainsi qu'en paiement du prix de cession et de dommages-intérêts. Pour retenir la responsabilité professionnelle de l'avocat et le condamner à garantir les époux A. des condamnations prononcées à leur encontre, la cour d'appel de Saint-Denis relève, dans son arrêt rendu le 29 octobre 2012, que ces derniers, en signant la seconde promesse de cession limitée au droit au bail, ont perdu le bénéfice de la clause de dédit, sans avoir été suffisamment informés des conséquences de cette modification sur leur engagement contractuel. L'arrêt sera censuré sur ce point. En effet, en se déterminant ainsi, sans rechercher, comme elle y était invitée, si, informés des risques inhérents à un engagement ferme et définitif, les époux A. auraient pu obtenir du cédant, malgré la prolongation du délai d'immobilisation, l'insertion d'une clause de dédit dans l'acte litigieux, la cour d'appel, qui n'a pas caractérisé l'existence d'un lien de causalité entre la faute reprochée et le dommage allégué, a privé sa décision de base légale.
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