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par Anne-Laure Blouet Patin, Directrice de la rédaction
le 07 Octobre 2010
Pour être un acteur de ce changement et élargir la diversification des ses activités, la profession risque de rencontrer plusieurs écueils, rappelés par le Président Wickers : la profession d'avocat ne dispose pas du même accès privilégié aux marchés ressortant du monopole des experts-comptables et des notaires ; elle est confrontée à la concurrence de multiples professionnels (réglementés ou non) qui peuvent pratiquer le conseil et la rédaction d'actes à titre principal ou accessoire ; et, surtout, elle est encore très marqué par une culture judiciaire (dans l'opinion du public l'avocat est l'homme du procès). Et ce dernier constat a été, également, rappelé par Jean-Michel Darrois, auteur du rapport éponyme, qui souligne à quel point il est dommage que l'image de l'avocat ne soit, aujourd'hui, que celle de l'homme du procès, du contentieux ou encore signe d'un précontentieux.
Afin de lutter contre ces écueils, il faut changer et innover : innover en créant un acte d'avocat ; innover en faisant en sorte que l'avocat soit plus présent en tant que conseil et négociateur ; innover en démontrant qu'il n'est pas que plaideur ; innover en modifiant l'identité de la profession -formation initiale, gouvernance et exercice- ; innover en rappelant que l'avocat doit être celui "qui murmure aux oreilles de l'entreprise", pour citer les propos de Jean-Michel Darrois. Et, Pierre Lafont, président de l'ACE, l'a bien rappelé : l'ACE a justement "l'ambition de rassembler le barreau d'affaires". Pour ce faire, l'Association a pris parti, seule, pour une modification des structures d'exercices et pour la suppression de la soumission des dividendes à cotisations sociales ; en phase avec la profession, elle défend la création de l'acte d'avocat.
De nombreuses tables rondes ont donc été organisées par l'ACE en amont du Congrès et de l'ensemble de ces travaux ont pu être dégagées des idées force rappelées par le Bâtonnier Thierry Carrère, ancien Bâtonnier de Toulouse :
- former un juriste innovant,
- exercer la profession de façon innovante,
- et travailler en équipe pour mieux porter les projets.
Et de conclure par cette phrase d'Epictète, "je voudrais avoir la force de changer ce qui peut être changé, le courage de supporter ce qui ne peut être changé et l'intelligence pour distinguer les deux".
Ce 17ème Congrès était également l'occasion pour l'ACE d'adopter de nouvelles motions, dont voici les plus importantes.
Concernant l'acte d'avocat, l'ACE rappelle que la Commission "Darrois" a proposé que l'acte sous seing privé contresigné par un avocat ait une force probante renforcée. Une telle mesure serait de nature à réduire substantiellement le nombre de procès qui trouvent leur origine sur le défaut d'information des parties au contrat. En effet, le contreseing de l'avocat établit que chacune des parties est clairement informée sur les conséquences juridiques de l'acte. Ainsi, un tel acte n'a pas vocation à concurrencer l'acte authentique, puisque, d'une part, il ne sera obligatoire dans aucune circonstance et, d'autre part, il ne lui sera pas conféré la force exécutoire. L'acte contresigné par l'avocat permettra à l'avocat français d'exercer dans des conditions de concurrence normale avec les autres avocats européens, et particulièrement les avocats anglo-saxons. Au final, l'ACE demande aux parlementaires le soutien de cette réforme contenue dans la proposition de loi d'Etienne Blanc, déposée sur le bureau de l'Assemblée nationale, le 21 juillet 2009 (pour aller plus loin lire, Le point sur l'acte contresigné par un avocat - questions à Maître Michel Bénichou, président de la Fédération des Barreaux d'Europe, Lexbase Hebdo n° 1 du 1er octobre 2009 - édition professions N° Lexbase : N9384BL7).
Concernant la modernisation de la structure d'exercice des cabinets d'avocats, l'ACE souhaiterait que la profession d'avocat puisse utiliser les sociétés de droit commun, civiles ou commerciales, tout en s'appuyant sur une corpus déontologique distinct. A cet égard, elle propose une modification des dispositions de l'article 7 de la loi du 31 décembre 1971 (N° Lexbase : L7649AHR). L'ACE, s'appuyant sur un récent arrêt de la Cour de cassation qui reconnaît à l'expert désigné en application de l'article 1843-4 du Code civil (N° Lexbase : L2018ABD) une complète liberté de choix des méthodes d'évaluation des droits sociaux (Cass. com., 5 mai 2009, n° 08-17.465, FS-P+B+R+I N° Lexbase : A7605EGR), aimerait également que les accords statutaires de valorisation ou de non valorisation des droits sociaux soient respectés et tiennent lieu de loi à ceux qui les ont passés.
En matière fiscale, l'ACE demande l'abrogation de l'article 2 du décret n° 2009-874 du 16 juillet 2009 (N° Lexbase : L4874IEA) énumérant une série de seize situations de fait censées permettre aux professionnels de détecter une fraude fiscale dont est issu un blanchiment d'argent et de déposer auprès de TRACFIN ou du Bâtonnier une déclaration de soupçon.
Dans le domaine du droit des sociétés, est demandée la modification des seuils imposés par le décret du 25 février 2009 pour la nomination d'un commissaire aux comptes (décret n° 2009-234, portant diverses mesures destinées à simplifier le fonctionnement de certaines formes de société N° Lexbase : L9693ICY).
A propos de la prévention des difficultés, l'ACE demande au Conseil national des Barreaux d'engager une réflexion pour instituer un centre d'information de prévention et de détection des avocats en difficulté au niveau national.
Au niveau de la transmission d'entreprises, il est demandé que soit précisé dans l'article 787 B a, alinéa 2, du Code général des impôts (N° Lexbase : L3703IC7) que l'engagement post mortem puisse être, le cas échéant, souscrit du chef des héritiers légataires par une société interposée.
Enfin en matière internationale, l'ACE, par la voix de son président de section, Christian Connor, après avoir constaté l'insuffisance de coordination des opérateurs français devant les avancées de la common law au plan international, appelle l'Etat et les organisations professionnelles concernées à agir ensemble afin que la France puisse, à l'instar d'autres pays, valoriser les mérites du droit continental, notamment du droit français et de ses praticiens.
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