La clause d'un bail commercial obligeant le preneur à adhérer à une association de commerçants et à maintenir son adhésion pendant la durée du bail est entachée d'une nullité absolue. Telle est la solution affirmée par la Cour de cassation dans un arrêt en date du 12 juin 2003 (Cass. civ. 3, 12 juin 2003, n° 02-10.778, FS-P+B+I+R
N° Lexbase : A7273C8U).
Elle s'appuie, d'une part, sur l'article 11 de la CEDH (
N° Lexbase : L4744AQR) qui formule le droit à la liberté d'association, et, d'autre part, sur l'article 4 de la loi du 1er juillet 1901 (
N° Lexbase : L3076AIR) qui prévoit que tout membre d'une association à durée indéterminée peut s'en retirer à tout moment "
nonobstant toute clause contraire".
Plus précisément, la Cour de cassation fait application du "droit d'association négatif", consacré par la Cour européenne des droits de l'homme (voir, par exemple, CEDH, 29 avril 1999, Req. 25088/94, Chassagnou et autres c. France
N° Lexbase : A6231AX3). La Haute cour avait déjà eu l'occasion de se prononcer, indirectement, sur la compatibilité de ce droit avec la clause imposant au preneur l'adhésion à une association de commerçants pendant la durée du bail (Cass. civ. 3, 5 décembre 2001, n° 00-14.637, FS-D
N° Lexbase : A5515AXK et le commentaire, M. Parmentier, La liberté d'association implique celle de ne pas s'associer, Lexbase Hebdo n° 4 du jeudi 3 janvier 2002 - Edition Affaires
N° Lexbase : N1581AAS). Toutefois, dans cet arrêt, elle avait seulement reproché à la cour d'appel de n'avoir pas répondu au preneur qui invoquait cette nullité au regard de la liberté d'association. Désormais, sa position est claire et elle entend la faire connaître puisque cet arrêt fera l'objet d'une publicité importante (sur le site de la Cour de cassation, dans le bulletin d'information de la Cour de cassation et dans son rapport annuel).
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