Le Quotidien du 11 décembre 2023 : Actualité judiciaire

[A la une] Intoxication au botulisme à Bordeaux : le patron du restaurant mis en examen, une information judiciaire ouverte

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par Vincent Vantighem

le 08 Décembre 2023

Les carottes ne sont pas encore cuites. Mais les sardines étaient bien avariées… Deux mois après l’intoxication au botulisme qui a touché seize personnes ayant fréquenté un restaurant de Bordeaux (Gironde), l’enquête judiciaire a connu un tournant, mercredi 6 décembre. Entendu peu après les faits en audition libre, le patron du Tchin Tchin Wine Bar a finalement été placé en garde à vue, mardi 5 décembre dans les locaux de la police judiciaire de Bordeaux, avant d’être mis en examen, le lendemain, des chefs « d’homicide et blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui », « non-assistance à personne en péril » et « mise en vente de denrées corrompues ou toxiques ».

Dès le départ, il avait reconnu avoir servi des sardines en bocaux aux clients qui étaient venus passer une soirée paisible en cette fin d’été. L’une d’entre eux, une ressortissante grecque de 32 ans en a perdu la vie, tandis que quinze autres ont été gravement touchés et subissent, pour certains, encore les séquelles de cette contamination au botulisme. Provoquée par une toxine très puissante produite par une bactérie qui se développe dans les aliments mal conservés, cette affection neurologique rare et grave est mortelle dans 5 à 10 % des cas. Elle engendre des problèmes oculaires (vision double), un défaut de déglutition et, dans les formes avancées, une paralysie des muscles, notamment respiratoires, qui peut conduire au décès.

Il réclamait la levée de sa fermeture administrative

Le parquet de Bordeaux a donc décidé d’ouvrir une information judiciaire après que les premières investigations ont mis en évidence « divers manquements aux règles d’hygiène sanitaire […] notamment quant à la confection des conserves artisanales », d’après un communiqué de la procureure de Bordeaux, Frédérique Porterie. Selon nos informations, l’enquête a, en effet, montré que le restaurateur ne disposait pas du matériel adéquat pour procéder à la stérilisation des sardines. Ainsi, son équipement ne pouvait atteindre qu’une température maximale de 100 degrés alors que le processus permettant d’assurer une conservation optimale de la nourriture ne peut débuter qu’à partir de cette température-là.

À l’issue de son interrogatoire de première comparution devant le juge d’instruction et de sa mise en examen, il a été placé sous contrôle judiciaire strict avec notamment « une interdiction d’exercer toute activité en lien avec la restauration ». Une décision qui intervient alors qu’il réclamait, il y a encore quelques jours, la levée de son interdiction administrative d’exercer.

Derrière la responsabilité du restaurateur, la question des hôpitaux et de l’ARS

Au total donc, seize clients, dont une grosse majorité d’étrangers, ont été identifiés comme « cas suspects de botulisme » après avoir mangé entre le 4 et le 10 septembre, dans ce restaurant touristique du centre de Bordeaux alors que la coupe du monde de rugby battait son plein et que la ville accueillait des matchs.

Au-delà du décès de la ressortissante grecque, les autres victimes souffrent toujours aujourd’hui de « pathologies diverses », selon le parquet. Qui d’ailleurs envisage que l’enquête ne se concentre pas uniquement sur les responsabilités du restaurateur suspecté. C’est en tout cas le souhait de Jade Dousselin, avocate de la patiente décédée et de son mari, lui aussi contaminé. Dans un communiqué, elle a pointé « la faute d’une chaîne de responsabilités qui, à chaque niveau, a failli », citant le patron du restaurant, mais également les services hospitaliers « qui n’ont pas joué leur rôle dans de telles situations ».

Au-delà des cas des hôpitaux où les patients ont transité et où ils ont été confrontés à des personnels parfois démunis, Jade Dousselin a également dénoncé, dans son communiqué, « la défaillance des services de l’agence régionale de santé (ARS) dont les graves dysfonctionnements n’ont pas permis d’avertir à temps les professionnels de santé pour que le pire soit évité. » En ouvrant une instruction, le parquet de Bordeaux souhaite, en effet, que les investigations explorent ces pistes également. Confiée à la police judiciaire, à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) et à la Direction départementale de la protection des populations, l’enquête se poursuit « sur la prise en charge médicale des patients », a, en effet, conclu la procureure de la République de Bordeaux.      

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