Le Quotidien du 6 octobre 2023 : Actualité judiciaire

[A la une] Après sept ans de procédure, le voisin du petit Tony condamné pour ne pas avoir dénoncé les mauvais traitements subis par l’enfant

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par Vincent Vantighem

le 05 Octobre 2023

             « J’ai cru qu’il allait défaillir à la barre. On ne va pas se mentir, c’est une énorme claque... » Ludivine Braconnier a du mal à digérer la décision rendue, mercredi 4 octobre, par la cour d’appel de Reims pour un client qu’elle porte à bout de bras depuis sept ans maintenant. Après une procédure longue comme un jour sans pain, Jonathan Lautour a été condamné pour « non-dénonciation des mauvais traitements » subis par le petit Tony, un enfant de trois ans mort en 2016 sous les coups de son beau-père. Il a été dispensé de peine par la cour, mais, évidemment, ne retient que le symbole de cette condamnation qu’il ne comprend pas et ne pourra, sans doute, jamais comprendre.

Lorsque le petit Tony est mort à la fin 2016, les médias s’étaient précipités à Reims pour comprendre comment un homme avait pu frapper un enfant jusqu’à le tuer sous les yeux, impuissants, de sa mère. Habitant juste en-dessous, Jonathan Lautour avait, comme beaucoup à l’époque, donné son sentiment aux médias. Face caméra, il avait ainsi raconté qu’il avait entendu des « insultes » et des « bruits » provenant de son voisin du dessus. Il avait aussi expliqué avoir tenté des choses en alertant le bailleur social ou encore en laissant sa compagne afficher un mot dans l’ascenseur pour alerter sur les violences intrafamiliales.

C’est sur cette base, à l’époque, que le procureur de Reims, Matthieu Bourrette avait engagé des poursuites à l’encontre de ce voisin, persuadé que l’enfant aurait « pu fêter Noël » si l’entourage avait agi avant que le beau-père du garçonnet ne lui ôte la vie. Voilà donc comment Jonathan Lautour s’est retrouvé poursuivi pour « non-dénonciation de mauvais traitements ».

Deux relaxes et une cassation

             Brillamment défendu en première instance et en appel, il avait, à chaque fois, obtenu une relaxe en dépit de réquisitions de condamnation de la part du parquet. Mais pour le ministère public, l’affaire ne devait pas, ne pouvait pas en rester là. Après la relaxe rendue en appel, le parquet général avait formé un pourvoi en cassation. Et la plus Haute juridiction avait cassé la décision, demandant un nouveau procès (le troisième!) pour ce voisin dont la vie s’est arrêtée depuis les faits.

C’est donc à l’issue de cette nouvelle audience qu’il a été condamné. La présidente de la cour a bien déploré, après une procédure longue et douloureuse, que seul Jonathan Lautour soit concerné alors que d’autres voisins auraient pu être inquiétés, mais elle a tranché « le seul dossier dont [elle était] saisi ». Et elle a condamné le trentenaire. Plus pour le symbole qu’autre chose.

La décision pourrait être lourde de conséquences et divise, toujours, les associations de défense des droits des enfants. Certaines estiment qu’il faudrait systématiquement poursuivre et sanctionner les voisins, coupables d’avoir trop fermé les yeux. Quand d’autres assurent au contraire que ce genre de décision est de nature à décourager chacun de parler et donc de dénoncer les situations de violences.

Un nouveau pourvoi en cassation à l’étude

             Ludivine Braconnier, elle, n’a pas envie de les départager. Elle estime juste que cette décision rendue à l’encontre de son client ne vient pas montrer « l’humanité » qu’on attend pourtant de la justice. Et rappelle que son client, s’il a été dispensé de peine, a été condamné pour les mêmes faits que la mère du garçonnet qui avait laissé son compagnon le tuer, après des jours et des jours de violence. Celle-ci avait écopé d’une peine de cinq ans de prison dont un an avec sursis tandis que son ex-compagnon, auteur des coups, avait pris vingt ans de réclusion pour les violences ayant entraîné la mort.

Consciente du calvaire vécu par son client depuis sept ans, Ludivine Braconnier examine, toutefois, aujourd’hui l’opportunité de déposer un nouveau pourvoi en cassation contre l’arrêt rendu mercredi. Elle sait que cela maintiendra encore Jonathan Lautour dans cette affaire dont il voudrait tant se débarrasser. Mais c’est la seule solution, à ses yeux, pour lui rendre un peu d’honneur.

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