Le Quotidien du 25 octobre 2022 : Avocats/Institutions représentatives

[Questions à...] Élections au bâtonnat et vice-bâtonnat du barreau de Paris 2024 : questions à Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo

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par Rédaction Lexbase

le 02 Novembre 2022

Ils sont avocats et candidats au bâtonnat et vice-bâtonnat du barreau de Paris… Lexbase les a rencontrés pour évoquer leur parcours et les interroger sur leur vision de la collaboration et de la formation, l’avenir du barreau de Paris ainsi que leur intérêt pour les générations futures.

Pour débuter ce cycle d’entretiens, découvrez l’interview de Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo.


 

Lexbase : Pouvez-vous nous décrire votre parcours et expliquer le choix de votre binôme de campagne ?

Pierre Hoffman. Âgé de 45 ans, je suis marié à une consœur rencontrée sur les bancs de l’université et nous avons deux enfants adolescents.  

De formation initiale en propriété intellectuelle, j’ai eu l’immense honneur d’être collaborateur de Jean-Louis Pelletier ; cette rencontre transforma le cours de ma vie professionnelle. Je garde le souvenir d’un avocat humble et bienveillant et d’un talent hors du commun.

J’exerce aujourd’hui, depuis plus de dix-sept ans, dans un cabinet familial spécialisé en propriété intellectuelle et numérique.

Après un parcours au sein de l’UJA de Paris, j’ai été élu au Conseil de l’Ordre en 2015 où j’ai été notamment délégué aux Affaires Publiques, puis en charge de la Commission Règlement des difficultés d’exercice en collaboration libérale.

Vanessa Bousardo. Avocate depuis 2006, j’ai 42 ans et je suis la mère de deux jeunes enfants.

Alors que je me destinais à une pratique de civiliste après avoir fait le DEA de Droit privé général (DPG) à l’Université de Paris II, j’ai été happée par le droit pénal au sortir de l’école du barreau, et suis toujours pénaliste après bientôt dix-sept années d’exercice.

Mon parcours ne peut pas être résumé, sans évoquer ensuite la collaboration au sein du cabinet FTMS, et en particulier aux côtés du Bâtonnier Pierre-Olivier Sur – longue de dix ans – qui a jalonné celui-ci.

En 2016, j’ai fait le choix de créer mon propre cabinet, toujours en droit pénal et droit pénal des affaires, étant précisé que ces dernières années, ma pratique s’est grandement (mais pas exclusivement) tournée vers l’assistance des parties civiles. 

Le passage par la conférence à mes débuts a été un moment fort de ma pratique, mais également mon premier contact avec notre institution ordinale, que j’ai rejointe plusieurs années plus tard.

En effet, élue au Conseil de l’Ordre en 2018, j’ai siégé de 2019 à 2021.

J’y suis rentrée avec un réel intérêt pour la profession et j’en suis sortie passionnée pour ce travail concret au service des confrères, mais également traversée par un questionnement permanent, profond sur les améliorations à apporter.

La fonction de secrétaire du Conseil que j’ai eu l’honneur d’exercer aux côtés du regretté Bâtonnier Olivier Cousi en 2021, m’a d’ailleurs permis de prendre la mesure de tout ce qu’il est possible de faire.

Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo. Notre décision de nous présenter ensemble est à la fois le fruit d’un long cheminement – c’est une décision éminemment engageante – mais étrangement simple et évidente.

Après la période compliquée – difficile et même traumatique pour nombre de consœurs et confrères – que nous avons traversée, laquelle a transformé notre façon d’exercer, il nous est apparu essentiel d’aller plus loin dans notre engagement au service de notre profession.

La confiance réciproque, le respect mais également l’amitié, qui nous unissent depuis plusieurs années, nous donnent une force que nous souhaitons mettre au service des avocates et avocats du barreau de Paris.

Lexbase : Qu’est-ce que le terme « collaboration  » vous évoque et quels sont vos projets s’agissant de ce mode d’exercice ?

Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo. La collaboration est au cœur de nos préoccupations.

Elle doit aussi concilier les intérêts de chacun, à savoir permettre l’épanouissement professionnel des collaborateurs et collaboratrices tout en contribuant au succès et à la croissance des cabinets.

Si nombre de collaborations sont satisfaisantes, l’une des difficultés induites par ce statut réside souvent dans les perspectives différentes que chacun peut y mettre.

Pour certains, il s’agit d’un « passage » avant l’installation et à ce titre, il doit être un moment d’apprentissage mais aussi de compagnonnage vers une sortie future.

D’autres envisagent davantage la collaboration comme une « étape » en vue de l’association.

Quels que soient les souhaits de chacun, un enjeu revient souvent lorsque l’on s’intéresse à la collaboration libérale : celui de la transparence.

La relation collaborant-collaborateur doit s’appuyer sur plus de transparence quant aux besoins, aux moyens et aux projets de chacun.

Que désirent le collaborateur et le cabinet ? Quelles perspectives peuvent être proposées au collaborateur ? Le collaborateur a-t-il un projet de carrière au sein de la structure ou à l’extérieur ? Quelle est la place du collaborateur dans la vie du cabinet ?

La profession vit une sorte de crise de la collaboration : des déserts de collaboration apparaissent d’ailleurs dans certaines matières.  

Les chiffres prouvent que les jeunes s’installent de plus en plus tôt, et qu’il y a une forte croissance des installations dès la sortie de l’école.

La collaboration, qu’elle soit libérale ou salariée, a besoin d’évoluer. Cela doit passer, avant tout, par une ouverture et un dialogue renforcé entre les différents acteurs.

Nous nourrissons nos réflexions de nos échanges avec nos jeunes consœurs et confrères mais également avec des responsables de cabinets dans lesquels ils exercent.

Le réalisme s’impose pour cette question, plutôt qu’un dogmatisme qui ne satisfait ni les collaborateurs ni les structures.

À ce propos, la situation des collaborateurs seniors, dits counsels dans certaines structures – totalement absents du Règlement intérieur national de la profession d’avocat (RIN) et du Règlement intérieur du barreau de Paris (RIBP) – doit entrer dans le champ de ces réflexions, pourquoi pas au travers de la création d’un statut spécifique.

Lexbase : Quelle vision avez-vous de la formation, à la fois initiale et continue, des avocats ?

Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo. Initiale et continue, la formation est un enjeu majeur pour notre profession. Elle doit être un gage et une garantie d’excellence en axant la formation initiale dans une direction résolument professionnelle et en renforçant la formation continue.

Elle doit être, à ce titre, concrète, et adaptée pour répondre aux défis économiques, concurrentiels et managériaux des avocats.

La formation initiale des avocats est assurée par l’EFB à Paris et dans notre ressort. Beaucoup de nos consœurs et confrères s’en chargent, bénévolement ou non. Il est important de souligner que récemment notre école a connu une vraie transformation, les parcours ayant été améliorés, et la pédagogie transformée.

Il y a cependant lieu de faire encore évoluer, en partenariat avec le CNB, le programme d’études des futurs avocats. L’école a une visée professionnelle. Elle doit donner les outils nécessaires à des élèves qui n’ont jusqu’alors reçu qu’une formation théorique – parfois accompagnée de stages pour certains – afin qu’ils soient en mesure d’exercer notre profession dans tous ses aspects.

L’avocat est le manager d’une entreprise : la sienne. Combien sont-ils à être perdus face à leur première déclaration de TVA ? Combien savent que leur premier courrier pour les féliciter d’intégrer la profession sera signé de l’URSSAF ?

S’il faut les former aux compétences propres à l’avocat d’aujourd’hui – à commencer par la déontologie qui doit être au cœur de la formation, sans oublier la procédure ou même l’éloquence – il faut également les accompagner afin de leur fournir les clés de leur exercice de demain.

On pense notamment à l’avènement des technologies de l’intelligence artificielle qui vont révolutionner notre pratique.

L’open data, la visio sont des outils déjà mis en œuvre, dont nous ne pouvons pas nous dispenser. Dans un avenir proche le metaverse

Ces outils doivent aussi être présentés dans des actions fortes de formation continue.

Notre barreau a la chance de pouvoir compter sur les commissions ouvertes et sur de nombreuses formations gratuites. C’est une particularité puisque les autres avocats français ont non seulement l’obligation d’assurer leurs heures de FCO, mais ils doivent en plus payer pour le faire. Il faut préserver ces actions gratuites. Les multiplier et aller jusque dans les cabinets pour que chacun puisse en profiter.

Il nous incombe aussi d’œuvrer en faveur d’une formation continue qui s’actualise en matière de déontologie. Être avocat ce n’est pas seulement maîtriser une ou plusieurs matières. C’est aussi connaitre les règles de la profession.

En trente ans, notre RIN et le RIPB ont considérablement évolué et se sont parfois complexifiés.

Aujourd’hui de nombreux confrères ne sauraient dire avec certitude dans quelles limites ils peuvent faire de la publicité pour leur cabinet, ou encore quelles activités accessoires sont autorisées ou non. Ces mises à jour doivent être proposées continuellement aux consœurs et confrères quelle que soit la date de leur prestation de serment.

Et puis, la formation est aussi un tremplin vers la spécialisation. Celle-ci souffre d’un grave déficit d’appréciation. Elle cause un déficit de reconnaissance auprès du public comme des autres professions judiciaires qui elles, sont spécialisées par leurs fonctions.

Lexbase : Quels sont, selon vous, les principaux enjeux futurs du barreau de Paris ?

Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo. L’enjeu principal est de rassembler tous les avocats et toutes les avocates de notre barreau sous un seul et même toit : l’Ordre. Chaque avocat doit savoir que l’Ordre est sa maison.

Nous avons des activités différentes, des modes d’exercice différents, des perspectives différentes mais bien une seule vocation et une seule profession que nous exerçons tous avec la même robe. Le temps des crises doit passer pour, dans l’apaisement, être capables ensemble de relever les défis que l’avenir va nous imposer.

Nous devons intégrer cette nécessité d’unité, à défaut de quoi il y a à craindre pour l’avenir de notre profession. Nombreux sont nos interlocuteurs qui ont intérêt à nous diviser.

Il nous appartient de faire front, de nous unir et de transcender nos divergences. Voici ce que nous souhaitons pour notre barreau : rapprocher les avocats entre eux, mais également tenter de rapprocher les avocats de leur Ordre.

La question n’est pas de savoir ce que sera l’avocat de 2024, mais bien de préparer à ce que sera notre profession en 2030. Nous ne devons plus être dans la réaction immédiate face aux réformes qui nous sont imposées mais devons prendre de la hauteur, nous recentrer sur ce qui fait l’unité de notre profession, et redevenir force de proposition pour ce que nous souhaitons être et devenir à long terme.

L’Ordre doit également apporter une aide concrète aux consœurs et confrères en proposant des actions « pro business ».

Nous aurons dans le cadre de notre programme des propositions en ce sens.

Lexbase : Vous semblez être très attentifs au sort de vos jeunes confrères. Quel message souhaiteriez-vous leur adresser ?

Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo. Que l’avocat ou l’avocate qui prête serment a exactement la même place que celui plus expérimenté et bien implanté. Nous appartenons à une famille dont nous devons être fiers et qui nous transcende. Et dans toutes les familles, on peut bousculer, remettre en question des situations établies. La  porte doit toujours rester ouverte pour nos plus jeunes, mais ils doivent également comprendre qu’il leur appartiendra d’en faire de même pour les prochaines générations.

La flamme d’un avocat brûle aussi par sa faculté à revendiquer, à bousculer, à contrarier. Nous souhaitons dire aux jeunes qu’ils doivent croire en ce qu’ils sont et en ce qu’ils font. Leur impertinence, leur audace font aussi la force du barreau de Paris et de la profession tout entière.

Nous croyons en la force et la détermination de cette jeunesse pour défendre l’avocat d’aujourd’hui. Nous croyons aussi en l’intelligence de cette jeunesse pour permettre de penser, et pourquoi pas de réinventer l’avocat de demain.

Les jeunes consœurs et confrères sont notre avenir, l’avenir de la profession, et ils construiront celui de la Justice.

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