Jurisprudence : CE 10/7 SSR, 08-06-1998, n° 183053

CE 10/7 SSR, 08-06-1998, n° 183053

A7653ASA

Référence

CE 10/7 SSR, 08-06-1998, n° 183053. Lire en ligne : https://www.lexbase.fr/jurisprudence/988384-ce-107-ssr-08061998-n-183053
Copier

CONSEIL D'ETAT

Statuant au Contentieux

N° 183053

M. CHEA

Lecture du 08 Juin 1998

REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS


Le Conseil d'Etat statuant au contentieux
(Section du contentieux)


Le Conseil d'Etat statuant au Contentieux, (Section du contentieux, 10ème et 7ème sous-sections réunies), Sur le rapport de la 10ème sous-section, de la Section du Contentieux,
Vu la requête, enregistrée le 17 octobre 1996 au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour M. Alain CHEA, demeurant 1, square Les Cases à Le Chesnay (78150) ; M. CHEA demande que le Conseil d'Etat annule la décision implicite par laquelle le consul général de France à Shanga‹ a refusé de délivrer un visa de long séjour à sa fille adoptive, Ging Shao Chea ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
Vu le code civil ;
Vu l'ordonnance n° 45-2658 du 2 novembre 1945 modifiée relative à l'entrée et au séjour des étrangers en France ;
Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 ;
Après avoir entendu en audience publique : - le rapport de Mme Dayan, Conseiller d'Etat, - les conclusions de M. Combrexelle, Commissaire du gouvernement ;
Considérant que, pour justifier le refus de visa opposé à Mlle Shao Chea par le consul général de France à Shangha‹, le ministre des affaires étrangères, dans ses écritures devant le Conseil d'Etat, soutient que cette enfant mineure, adoptée par M. CHEA selon le régime de l'adoption simple, n'aurait qu'une vie familiale "fictive" avec son père adoptif, lequel réside en France ; qu'au surplus cette adoption serait sans valeur faute d'avoir respecté la procédure prévue par la législation chinoise ; qu'enfin le requérant ne subviendrait pas aux besoins financiers de l'enfant et ne justifierait pas quelles seraient les conditions de vie de celle-ci en cas de séjour en France ;
Considérant que, par jugement du 16 juin 1993, devenu définitif, le tribunal de grande instance de Versailles a prononcé l'adoption simple de Mlle Shao Chea, mineure de 16 ans et de nationalité chinoise, par M. CHEA, son oncle, de nationalité française ; Considérant, d'une part, qu'en vertu de l'article 365 du code civil, même en cas d'adoption simple, l'adoptant est seul investi à l'égard de l'adopté de tous les droits d'autorité parentale, dans les mêmes conditions qu'à l'égard de l'enfant légitime ; qu'il suit de là que le refus de visa à Mlle Shao Chea, résidant en France alors que son père adoptif vit en France, porte par lui-même une atteinte effective au respect d– à la vie familiale tant de l'enfant que de son père ; Considérant, d'autre part, qu'il ressort des pièces du dossier, et notamment des attestations de ressources fournies, que le motif tiré de ce que M. CHEA ne pourrait subvenir aux besoins de Mlle Shao Chea repose sur une appréciation manifestement erronée ; Considérant, enfin, que les conditions et les effets de l'adoption sont régis par la loi nationale de l'adoptant, celle de l'enfant adopté ne devant déterminer que les conditions de son consentement ou de sa représentation ;
Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que M. CHEA est fondé à soutenir que le refus de visa attaqué méconnaît l'article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et à en demander, pour ces motifs, l'annulation ;
D E C I D E :
Article 1er : La décision par laquelle le consul général de France à Shanga‹ a refusé le visa de long séjour demandé par Mlle Shao Chea est annulée.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. Alain CHEA et au ministre des affaires étrangères.

Agir sur cette sélection :

Cookies juridiques

Considérant en premier lieu que le site requiert le consentement de l'utilisateur pour l'usage des cookies; Considérant en second lieu qu'une navigation sans cookies, c'est comme naviguer sans boussole; Considérant enfin que lesdits cookies n'ont d'autre utilité que l'optimisation de votre expérience en ligne; Par ces motifs, la Cour vous invite à les autoriser pour votre propre confort en ligne.

En savoir plus