Jurisprudence : CE Contentieux, 28-07-1993, n° 121702, MINISTRE DE LA DEFENSE c/ M. Stefani

CE Contentieux, 28-07-1993, n° 121702, MINISTRE DE LA DEFENSE c/ M. Stefani

A0302ANI

Référence

CE Contentieux, 28-07-1993, n° 121702, MINISTRE DE LA DEFENSE c/ M. Stefani. Lire en ligne : https://www.lexbase.fr/jurisprudence/906024-ce-contentieux-28071993-n-121702-ministre-de-la-defense-c-m-stefani
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CONSEIL D'ETAT

Statuant au Contentieux

N° 121702

MINISTRE DE LA DEFENSE
contre
M. Stefani

Lecture du 28 Juillet 1993

REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS


Le Conseil d'Etat statuant au contentieux
(Section du contentieux)


Le Conseil d'Etat statuant au Contentieux, (Section du Contentieux) Sur le rapport de la 1ère sous-section de la Section du Contentieux,
Vu le recours et le mémoire complémentaire du MINISTRE DE LA DEFENSE enregistrés les 14 décembre 1990 et 12 avril 1991 au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat ; le MINISTRE DE LA DEFENSE demande au Conseil d'Etat d'annuler l'arrêt du 17 octobre 1990 par lequel la cour administrative d'appel de Lyon a, à la demande de M. Michel Stefani, 1) annulé le jugement du 2 février 1989 du tribunal administratif de Marseille, 2) déclaré l'Etat responsable du préjudice subi par M. Stefani à la suite de sa tentative de suicide alors qu'il effectuait son service national, 3) ordonné une expertise afin d'évaluer le montant de l'indemnité qui sera allouée à la victime ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu le code du service national, notamment en son article L. 62 modifié par la loi n° 83-605 du 8 juillet 1983 ;
Vu le code des pensions militaires d'invalidités et des victimes de guerre ;
Vu le code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel ;
Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 ;
Après avoir entendu en audience publique : - le rapport de M. Aguila, Maître des requêtes, - les conclusions de M. Bonichot, Commissaire du gouvernement ;
Sur les conclusions du MINISTRE DE LA DEFENSE tendant à l'annulation de l'arrêt en date du 17 octobre 1990 de la cour administrative d'appel de Lyon :
Considérant que les appelés du contingent effectuant leur service militaire qui subissent, dans l'accomplissement de leurs obligations, un préjudice corporel, sont fondés, ainsi que leurs ayants droit, et en l'absence même de toute faute de la collectivité publique, à en obtenir réparation, dès lors que, conformément à l'article L. 62 du code du service national, le forfait de la pension ne leur est pas opposable ; que, toutefois, ce droit à réparation n'est ouvert que lorsque le préjudice subi est directement imputable au service ;
Considérant que, pour déclarer l'Etat responsable du préjudice subi par M. Stefani à la suite de sa tentative de suicide alors qu'il effectuait son service militaire, la cour administrative d'appel de Lyon s'est bornée à relever que l'intéressé s'était blessé avec son arme de service ; qu'en relevant cette seule circonstance qui, par elle-même n'établit pas l'existence d'un lien avec le service de nature à entraîner la mise en jeu de la responsabilité de l'Etat, sans rechercher si la tentative de suicide de M. Stefani dans laquelle le préjudice trouvait son origine directe avait eu elle-même pour cause déterminante, en l'espèce, des circonstances tenant au service, les juges d'appel n'ont pas légalement justifié leur décision ; qu'il suit de là que le MINISTRE DE LA DEFENSE est fondé à demander l'annulation de l'arrêt susvisé en date du 17 octobre 1990 ; qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de renvoyer l'affaire devant la cour administrative d'appel de Lyon ;
Sur les conclusions tendant à l'application des dispositions de l'article 75-I de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 :
Considérant qu'aux termes de l'article 75-I de la loi du 10 juillet 1991 : "Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine, au titre des frais exposés et non compris dans les dépens. Le juge tient compte de l'équité ou de la situation économique de la partie condamnée. Il peut, même d'office, pour des raisons tirées des mêmes considérations, dire qu'il n'y a pas lieu à cette condamnation" ; que ces dispositions font obstacle à ce que l'Etat qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante, soit condamné à payer à M. Stefani la somme qu'il demande au titre des sommes exposées par lui et non comprises dans les dépens ;
D E C I D E :
Article 1er : L'arrêt susvisé en date du 17 octobre 1990 de la cour admnistrative d'appel de Lyon est annulé.
Article 2 : L'affaire est renvoyée devant la cour administrative d'appel de Lyon.
Article 3 : Les conclusions de M. Stefani tendant à l'application de l'article 75-I de la loi du 10 juillet 1991 sont rejetées.
Article 4 : La présente décision sera notifiée à M. Stefani et au ministre de la défense.

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