COMM.
C.B.
COUR DE CASSATION
Audience publique du 5 février 2002
Rejet
M. DUMAS, président
Pourvoi n° X 98-17.846
Arrêt n° 337 FS P
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE, a rendu l'arrêt suivant
Sur le pourvoi formé par M. Alain Z, mandataire judiciaire, demeurant Cherbourg, agissant en sa qualité de liquidateur de la liquidation judiciaire des sociétés Sogemo Ouest et Sogemo,
en cassation d'un arrêt rendu le 30 avril 1998 par la cour d'appel de Caen (1re Chambre, Section civile et commerciale), au profit
1°/ de la société Sogemo, société anonyme dont le siège social est Longeville-lès-Metz,
2°/ du Comité d'entreprise de la société Sogemo, dont le siège est Longeville-lès-Metz,
3°/ du procureur général près la cour d'appel de Caen, domicilié Caen Cedex,
défendeurs à la cassation ;
La demanderesse invoque, à l'appui de son pourvoi, les deux moyens de cassation annexés au présent arrêt ;
LA COUR, en l'audience publique du 12 décembre 2001, où étaient présents M. Dumas, président, Mme Pinot, conseiller rapporteur, MM. Tricot, Badi, Mmes Aubert, Vigneron, Tric, Besançon, Lardennnois, M. Cahart, Mme Betch, conseillers, Mme Graff, MM. de Monteynard, Delmotte, conseillers référendaires, M. Viricelle, avocat général, Mme Moratille, greffier de chambre ;
Sur le rapport de Mme Pinot, conseiller, les observations de Me Foussard, avocat de M. Z, ès qualités, de la SCP Delaporte et Briard, avocat de la société Sogemo, les conclusions de M. Viricelle, avocat général, et après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Sur les premier et second moyens, réunis
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Caen, 30 avril 1998), qu'après la mise en liquidation judiciaire de la SARL Sogemo Ouest (la SARL) prononcée par jugement du 18 novembre 1994, M. Z, agissant en qualité de liquidateur de cette société, a assigné la société anonyme Sogemo, qui avait été mise en redressement judiciaire par un jugement du 30 juin 1993 et dont le plan de redressement par voie de continuation avait été arrêté par un jugement du 21 septembre 1994, pour que lui soit étendue la procédure de liquidation judiciaire sur le fondement de la confusion des patrimoines ; que le tribunal a accueilli cette demande ; que, devant la cour d'appel, le liquidateur a, subsidiairement, demandé l'ouverture d'une procédure collective à l'égard de la société Sogemo, dirigeant de fait de la SARL, sur le fondement de l'article 182 de la loi du 25 janvier 1985 ; que la cour d'appel a rejeté ces demandes ;
Attendu que le liquidateur fait grief à l'arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen
1°/ que l'impossibilité d'une extension pour confusion des patrimoines ne se rencontre que si l'entreprise, dont la procédure est appelée à être étendue à une autre si la demande d'extension est accueillie, fait l'objet d'un plan de redressement ; qu'elle ne concerne donc pas l'hypothèse où l'entreprise à l'encontre de laquelle une demande d'extension est formulée fait elle-même l'objet d'un plan de redressement ; qu'en décidant le contraire, les juges du fond ont violé les articles 7, 61, 69 et 81 de la loi du 25 janvier 1985 ;
2°/ que rien ne s'oppose à ce qu'une société, ayant fait l'objet d'une procédure d'apurement, se voie à nouveau mise en redressement judiciaire si cette société se trouve avoir la qualité de dirigeant d'une autre entreprise en redressement judiciaire et s'il peut être relevé à son encontre des faits énumérés à l'article 182 de la loi du 25 janvier 1985 ; qu'en statuant comme ils l'ont fait les juges ont violé, par refus d'application, le texte susvisé ;
Mais attendu, d'une part, que la cour d'appel a, à bon droit, énoncé qu'une procédure collective, ouverte à l'égard d'une première société, ne peut être étendue à une seconde, sur le fondement de la confusion des patrimoines après que le tribunal a arrêté à l'égard de cette dernière un plan de redressement par voie de cession ou par voie de continuation ;
Attendu, d'autre part, que l'arrêt énonce exactement que lorsqu'une société fait l'objet d'un plan de redressement, aucune procédure de redressement ou de liquidation judiciaire ne peut être ouverte à son égard au motif que cette société aurait été le dirigeant de fait d'une autre société soumise à une procédure collective et aurait commis l'un des agissements prévus par l'article 182 de la loi du 25 janvier 1985 ;
D'où il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;
PAR CES MOTIFS
REJETTE le pourvoi ;
Condamne M. Z, ès qualités, aux dépens ;
Vu l'article 700 du nouveau Code de procédure civile, rejette la demande de la société Sogemo ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, Chambre commerciale, financière et économique, et prononcé par le président en son audience publique du cinq février deux mille deux.