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par Vincent Vantighem
le 07 Juin 2023
Emmanuel Macron a d’autres problèmes à régler aujourd’hui… Mais l’actualité judiciaire est là pour nous rappeler que ses deux mandats n’ont décidément pas été un long fleuve tranquille. Ce vendredi, c’est en effet Alexandre Benalla qui doit se présenter à la barre de la cour d’appel de Paris. Celui-là même qui été l’épicentre d’un séisme politique à peine un an après l’accession à l’Élysée d’Emmanuel Macron. Un séisme qui avait éclaté à la « Une » du journal Le Monde en juillet 2018. Vidéo à l’appui, le grand quotidien du soir révélait, à l’époque, qu’un chargé de mission de la présidence de la République avait molesté un couple ayant participé, quelques semaines plus tôt sur la place de la Contrescarpe à Paris, à la manifestation du 1er mai. Coiffé d’un casque de police, le jeune homme à l’origine des coups n’était pourtant censé assister au défilé syndical qu’en qualité de simple « observateur ».
Il n’avait alors fallu que quelques heures avant que la presse ne révèle le nom de ce collaborateur du chef de l’État : Alexandre Benalla. De révélation en révélation, les jours suivants permettaient alors de découvrir que ce personnage fantasque avait également violenté d’autres manifestants. Et c’est donc toujours pour cette affaire-là qu’il doit comparaître, à partir de ce vendredi. Son procès en appel devait se tenir en janvier dernier. Mais le principal protagoniste avait obtenu un renvoi, arguant de « difficultés personnelles » et de « santé ». Il faudra donc voir dans quel état d’esprit il se présente aujourd’hui alors qu’il est, depuis cette affaire, reconverti dans le secteur privé.
Des faits de violences, mais aussi de faux et usage de faux
À l’époque donc, Alexandre Benalla travaillait aux côtés du chef de l’État. Pour sa sécurité. C’est pour cela que cette affaire a laissé des traces. Emmanuel Macron avait mis des semaines à « lâcher » son ancien collaborateur. Car celui qui était alors au cœur du dispositif de sécurité du chef de l’État continuait à jouir d’un bureau au « Château » alors qu’il avait été suspendu durant quinze jours par le pouvoir en place, informé des événements bien avant la parution de l’article du Monde. Le Sénat avait fini par créer une commission d’enquête parlementaire. Et chaque jour, elle révélait un peu plus de l’envers du décor dans lequel évoluait ce jeune homme alors au cœur du pouvoir.
Pour l’ensemble de son œuvre, Alexandre Benalla devra donc répondre de plusieurs infractions. Les violences d’abord. Mais aussi des faits de faux et usage de faux en écriture et d’usage public sans droit d’un insigne. Car il avait continué à voyager avec des passeports diplomatiques après son licenciement par l’Élysée. Au surplus, il se voit aussi reprocher d’avoir porté illégalement une arme de poing en 2017, même si lui s’en est toujours défendu en expliquant qu’il s’agissait d’un pistolet factice.
Visé par trois autres enquêtes préliminaires
Lors du procès en première instance, il avait été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme aménagé sous la forme d’un placement sous bracelet électronique et l’interdiction d’occuper un emploi pour une durée de cinq ans. À l’audience, il avait alors passé son temps à contester l’essentiel des faits reprochés. Les violences ? Il n’avait fait qu’agir « par réflexe » citoyen pour « aider la police » qu’il pensait, alors, débordée par les événements. Des explications qualifiées « d’absurdes et irresponsables » par les magistrats dans leur jugement. Sur le banc des prévenus, vendredi, il retrouvera son ancien acolyte Vincent Crase lui aussi jugé pour avoir participé à l’interpellation musclée de trois manifestants.
Mais c’est bien Alexandre Benalla qui va, une nouvelle fois, capter l’essentiel des regards. Reconverti dans la sécurité privée à la tête de la société Comya, il continue de se présenter sur les réseaux sociaux comme étant l’ancien directeur de cabinet adjoint du président de la République française. Et à ce titre, il lui arrive même encore de livrer son analyse sur une célèbre chaîne d’info en continu.
Pour autant, il est plus que jamais menacé par la justice. Outre l’affaire qui lui vaut de comparaître devant la cour d’appel de Paris, il fait toujours l’objet de trois enquêtes préliminaires. L’une porte sur son rôle dans la signature de contrats avec des oligarques russes alors qu’il était en poste à l’Élysée. Une affaire largement documentée par Mediapart. La seconde a été ouverte en février 2019 pour entrave à la manifestation de la vérité. Elle vise à savoir si Alexandre Benalla n’a pas dissimulé des preuves de ses méfaits, notamment en cachant deux coffres-forts qui n’ont jamais été découverts. Et pour couronner le tout, il reste inquiété pour des soupçons de faux témoignage devant la commission d’enquête du Sénat.
Autant dire que son passage à la barre de la cour d’appel, qui doit durer jusqu’au 16 juin, n’est peut-être pas le dernier.
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